Il était d'usage que la qualité des polices Type 1 du domaine public soit nettement inférieure à celle des polices matricielles Computer Modern. Néanmoins, cette situation s'est améliorée au cours des dernières années. Mais la mise en correspondance des polices reste à votre charge. Disposer de plusieurs systèmes de polices différents sur une seule machine peut paraître redondant et un gâchis en espace disque. Et les polices Computer Modern peuvent paraître un peu trop formelles, disons, pour un usage courant. C'est un peu comme jeter des perles aux cochons. Au moins, vous n'êtes plus obligé de dépenser une fortune pour des polices de qualité professionnelle.
L'une des améliorations majeures de LaTeX2e par rapport à son prédécesseur est l'inclusion du New Font Selection Scheme (nouveau schéma de sélection des polices). (Qui s'appelle à présent PSNFSS.) Auparavant, les auteurs écrivant en TeX devaient spécifier les polices à l'aide de commandes comme
\font=bodyroman = cmr10 scaled \magstep 1
ce qui permet d'être précis mais nécessite les talents d'un typographe
et d'un mathématicien pour être utilisé correctement. De plus, cela
manque de portabilité. Si un autre système était dépourvu de la police
cmr10
(ce qui est la nomenclature TeX pour Computer Modern
Roman, 10 points, d'épaisseur de trait moyenne), quelqu'un devait
recoder les spécification des polices pour tout le document. PSNFSS
cependant, vous permet de spécifier les polices par famille (Computer
Modern, URW Nimbus, Helvetica, Utopia et ainsi de suite), épaisseur
(léger, moyen, gras), orientation (droit ou oblique), style (Roman ou
Italique) et taille de base en points. (Cf. section
Caractères et styles typographiques pour une
description des commandes de spécification des styles typographiques.)
De nombreuses polices sont groupées en familles. Par exemple, une
police du type Roman peut être groupée avec une police sans-sérif,
comme Helvetica, et une police à espacement fixe, comme Courier. Vous,
en tant qu'auteur du document LaTeX, pouvez spécifier une famille
entière de polices avec une seule commande.
Comme je l'ai déjà mentionné, il existe des ensembles de polices de très bonne qualité dans le domaine public. L'un d'entre eux est Adobe Utopia. Un autre est Bitstream Charter. Ce sont tous les deux des ensembles de qualité professionnelle qui ont été versés dans le domaine public.
Il se trouve que ceux-là sont mes préférés. Si vous examinez les sites CTAN, vous y trouverez les archives qui les contiennent ainsi que d'autres. Il y a suffisamment de polices en circulation pour vous permettre de concevoir des documents qui correspondent à vos attentes, et pas seulement pour du texte en français. À l'origine, TeX a été conçu pour la mise en page de mathématiques, ainsi, il existe toute une panoplie de polices mathématiques, tout comme les alphabets cyrilliques et grecs, le kana et d'autres alphabets, trop nombreux pour être mentionnés ici.
L'important est de rechercher les fichiers portant les extensions
.pfa
ou .pfb
. Elles indiquent qu'il s'agit des
polices vectorielles en tant que telles, et non pas simplement des
fichiers des métriques. Les polices Type 1 utilisent des fichiers de
métriques .pfm
, par opposition au fichiers .tfm
des
polices matricielles. Les deux ensembles de polices que j'ai
mentionnés plus haut sont compris dans les distributions teTeX, mais
également de manière séparée.
Ce que j'ai dit ci-dessus, au sujet de la facilité apportée par PSNFSS pour la sélection des polices, se révèle approprié dans le cas de figure suivant : si nous voulons utiliser les polices Charter dans notre document au lieu des polices matricielles Computer Modern, tout ce qu'il y a à faire est d'inclure la directive LaTeX
\renewcommand{\familydefault}{bch}dans le préambule du document, où « bch » est la désignation courante pour Bitstream Charter. Les polices Charter se trouvent dans le répertoire
/usr/lib/teTeX/texmf/fonts/type1/bitstrea/charter
Vous y verrez les fichiers .pfb
des polices Charter :
bchb8a.pfb
pour Charter Bold, bchr8a.pfb
pour
Charter Roman, bchbi8a.pfb
pour Charter Bold Italic. Le
« 8a » dans les noms des polices indique
l'encodage des caractères. Arrivé à ce point, vous n'avez pas à vous
préoccuper à leur sujet
NdT. : cela vaut plus pour les anglophones que pour les francophones., car les encodages diffèrent principalement pour les caractères 8-bits, dont les valeurs numériques dépassent 128 en décimal. Ils définissent pour la plupart des accents et des caractères non-anglais. Les encodages des Type 1 marchent en général bien pour les alphabets occidentaux car ils répondent au standard ISO 8859 concernant les jeux de caractères internationaux, ce qui constitue un argument de plus pour leur utilisation.
Pour composer un document où sont sélectionnées des polices Charter, vous lanceriez la commande
pslatex document.tex
pslatex
est une variante de la commande latex
standard de teTeX qui définit les répertoires où se trouvent les
polices Type 1, ainsi que des suppléments de code LaTeX à
utiliser. Vous verrez l'écran d'avertissement de pslatex
suivi de la sortie relative au processus TeX lui-même. En un instant,
vous aurez un fichier .dvi
incluant des requêtes pour des
polices Charter. Il vous est possible d'imprimer le fichier avec
dvips
, et gs
si nécessaire.L'installation d'une famille de polices Type 1 n'est pas difficile,
tant que vous suivez quelques étapes élémentaires. Vous devriez
déballer les polices dans une répertoire situé sous
/usr/lib/teTeX/texmf/fonts/type1
, là où se trouvent les
autres polices de Type 1, et lancer texhash
pour faire savoir
aux routines de recherche dans les répertoires que de nouvelles
polices ont été ajoutées. Ensuite, vous devez ajouter les descriptions
des polices au fichier psfonts.map
pour informer
dvips
de leur existence. Le format du fichier
psfonts.map
est documenté à plusieurs endroits dans les
références mentionnées ci-dessus. Encore une fois, n'oubliez pas de
lancer texhash
pour mettre à jour la base de répertoires de
teTeX.
L'utilisation d'un système X Window-- XFree86 sous Linux -- avec teTeX constitue vraiment un avantage car il permet une prévisualisation des documents de qualité supérieure. Il n'est pas exigé, mais en règle générale, tout ce qui facilite la prévisualisation à l'écran apportera un plus à votre travail en termes de qualité des sorties. Cela se paye néanmoins en vitesse de frappe, bien plus rapide sur des écrans en mode texte.